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Portrait – Cyril

21 juillet 2021 - À La Ferme cette semaine, on rencontre du monde. Nous accueillons une retraite ignacienne organisée pour des membres de l’APA, cette association qui propose à des personnes ayant connu la rue et à des jeunes actifs de vivre ensemble.

Je croise Cyril, et nous bavardons un peu à l’ombre des grands arbres du jardin. Cyril, 47 ans et presque deux mètres de hauteur, est un colocataire de la rue Vaugirard à Paris. Avant cela, il a été accueilli à la maison de Vaumoise gérée par l’association sœur de l’APA, Lazare. Et encore avant, il a connu la rue parisienne. Pendant 10 ans.

De cette époque, il ne se rappelle pas avoir eu une vie spirituelle. C’est dans les colocations solidaires et les associations rencontrées par la suite qu’on lui a parlé du parcours Alpha. Curieux, il y a été. Et, de fil en église, il a fini par demander le baptême. Ça s’est passé en 2018, le soir de la veillée pascale. Je sens que c’est un moment important dans sa vie, il y revient souvent. Par exemple, il a eu récemment l’occasion de servir la messe et de porter la croix pendant la procession. C’était « impressionnant » me dit-il, et « ça m’a rappelé mon baptême. »

Pudique, il préfère que je ne le prenne pas en photo. Pourtant, il a un beau regard, perché en haut d’un visage bronzé, qui porte les marques d’une vie hors les murs. Ce que j’ai en revanche l’autorisation de photographier, c’est la médaille qui ne le quitte plus depuis ce 31 mars 2018 historique.

Cette semaine, il est venu de son plein gré à la retraite en silence. Même pendant les repas, la proposition est d’écouter une lecture ou de la musique, sans parler. Ça tombe bien, lui n’est pas très causant. Ce qu’il préfère à La Ferme, c’est « le paysage ». « Bah oui, quand même ! » ajoute-t-il en me désignant les arbres et les fleurs. Quand enfin je lui demande, de but en blanc il faut bien l’avouer, qui est Jésus pour lui, il a cette réponse : « C’est mon sauveur. Sans plus. »

Ça fait maintenant 25 minutes que nous sommes assis là, dans l’air doux de la campagne picarde. Il est temps pour lui de retourner à sa retraite, ses partages et ses relectures, et pour moi de retourner à mon travail. Cyril est un type peu causant, mais on a tout de même bien causé.