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Le Royaume quotidien

Février 2021 – Membre de longue date de L’Arche en France, récemment retraitée,
Michèle Dormal a porté dans son dernier mandat la responsabilité de la vie spirituelle pour L’Arche Internationale.
Michèle répond pour nous à la question : «Qu’est-ce qui nourrit ta vie intérieure ?»

Comment je nourris ma vie intérieure ?

Une vraie question… plus encore cette dernière année, si bousculée : les révélations sur Jean Vanier, une situation nouvelle de retraitée, et puis la pandémie, le confinement, le terrorisme…

J’ai eu l’impression d’une vie spirituelle à sec ! Adieu la messe du dimanche avec d’autres et mes habitudes, finie la source abondante, les missions intéressantes, la belle histoire de notre fondation de L’Arche, envolées mes certitudes pour demain, envolés les mots pour la prière…

Je me suis alors rappelée mes premiers temps à Trosly. Bien qu’élevée dans la foi chrétienne, je ne connaissais pas cette familiarité avec Jésus, découverte à L’Arche. Ce sont Norbert, Pierrot, Patrick et les autres qui m’ont appris à prier, chaque soir au foyer de la Vigne.

Et petit à petit, ou tout à coup, je ne saurais dire, j’ai vu, senti, goûté que l’Évangile était vrai, qu’il me travaillait de l’intérieur. Le puissant, renversé de son trône, c’était moi; si souvent désarçonnée devant des situations nouvelles. Pierre refusant que Jésus lui lave les pieds, c’était moi quand je préférais avancer seule, ne pas compter sur la communauté. La pauvre veuve et sa piécette à l’entrée du Temple, c’était le regard que Jésus me proposait pour vivre un quotidien bien banal…. Le pardon soixante-dix-sept fois sept fois, c’était la seule porte de sortie au milieu des conflits petits et grands. Cette soif d’un cœur nouveau, d’un esprit nouveau, ce long apprentissage du doux et humble de cœur, c’était cela que je désirais par-dessus tout. Me laisser travailler par l’Évangile, voilà le chemin offert, le chemin précieux de Jésus pour me révéler le Père.

Oui, la moisson est déjà là, le Royaume est parmi nous. Souvent, je ne le vois pas. C’est pourquoi je veux laisser cet Évangile me travailler davantage.

Les choses se sont en quelque sorte retournées : nous n’apprenons pas l’Évangile, c’est lui qui nous apprends, qui nous travaille. Nous ne chercherions pas Dieu si lui-même ne nous cherchait déjà. Le Père a rêvé une fille bien-aimée avant que la fille ne l’appelle Abba-Père.

Alors, comment je nourris ma vie intérieure ?

Je demande la grâce de voir cette moisson abondante autour de moi, de remarquer cette générosité de la nature, des bonjours, des gestes des uns et des autres, de la paroisse, des voisins. Voir ce Royaume déjà là aujourd’hui, le goûter… Percevoir ce travail de l’Évangile, en moi, autour de moi. Et si souvent, quand je passe à côté, revenir, encore et encore, quitter mes ornières.

Concrètement, pour nourrir cette vie intérieure, je lis l’évangile du jour, je le recopie, j’essaie de me le rappeler dans la journée, pour être enseignée par Sa parole et par la vie, les gens, la nature, les évènements… Le soir, juste tout arrêter, se taire, ne plus faire de bruit… Pour laisser germer cet évangile et cette mystérieuse présence concrète de Dieu dans nos vies. Et si cela m’est donné, collaborer de toute mes forces, à ce monde qui vient… Co-créatrice avec Dieu !

Alors, enfin, Lui dire « merci », « merci » pour sa présence au milieu de nous. « Merci » et « Encore »… qu’Il nous donne, qu’Il se donne encore, encore à regarder, encore à accueillir, encore à co-créer.

Michèle Dormal,
Ambleteuse, France.

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