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Sur les traces de la Panthère des neiges

Septembre 2022 – Grand ami de La Ferme et irlandais, Phil Kearney est aussi un prêtre catholique, ordonné dans le Diocèse de Beauvais. Après avoir vu le très beau film documentaire « La Panthère des neiges », Phil livre ici une réflexion écologique et spirituelle sur ce film qui est avant tout une histoire de rencontre, d’une rencontre qui transforme.

L’Evangile de Matthieu nous le dit : « Cherchez d’abord le Royaume et toutes ces choses vous seront données de surcroît » (Mt 6,33)

La Panthère des neiges est le titre d’un film documentaire sorti en France en décembre 2021. Il raconte la quête, par deux hommes, d’un animal bien particulier. Les deux hommes, ce sont Vincent Meunier, photographe animalier, et Sylvain Tesson, écrivain. L’animal en question, c’est la « panthère des neiges », félin rarissime que l’on ne trouve que dans certaines vallées des hautes montagnes d’Asie Centrale. En l’occurrence, c’est au Tibet que nos deux explorateurs pistent la créature.

En cherchant cette perle rare, cet animal qui, élusif, ne se laisse pas facilement approcher, Vincent Meunier et Sylvain Tesson ont vu, admiré, filmé et décrit une foule d’autres animaux et oiseaux. Ils cherchaient d’abord la panthère des neiges, et toute une faune leur a été donnée, toute une population riche et foisonnante : de simples lapins, des renards, mais aussi des loups, une famille ours (une mère et ses oursons), des biches et des cerfs, des bisons tibétains appelés ‘yacks’, des chats sauvages, des ânes et des chevaux, des chèvres et des marmottes, des faucons et des chouettes, des chocards et autres oiseaux aussi rares que magnifiques ! Tout cela avant la panthère des neiges et tout cela grâce à la panthère des neiges. Ils l’ont d’abord cherché elle, la reine de ce royaume du plateau de Tibet. Et toute cette abondance de vie et de vivants leur a été donnée par surcroît.

Quant à nous, recherchons donc d’abord le royaume de Dieu. Le Roi de ce royaume est, lui aussi, élusif. Il est difficile à trouver. Caché, il est cependant partout, et nous observe. Cherchons ce qui est le plus précieux, le plus secret, le plus rare. Désirons-le. Car Il se donne à ceux qui le désirent, qui acceptent la fragilité de l’attente, de l’écoute, de l’accueil inconditionnel, de l’immense patience de l’amour vrai, de la relation réelle. La récompense est une vie foisonnante et étonnante.

C’est à une conversion écologique et spirituelle que nous sommes invités, conversion qui n’est pas d’abord un devoir moral. C’est un don, celui des retrouvailles. C’est la joie de cette reconnaissance d’une fraternité entre nous, les vivants. Les animaux, autres vivants, ne sont pas des objets mais des sujets. Ils nous regardent et nous appréhendent. Il y a une relation, ils sont nos « relations », vraiment. Ils nous observent avant que nous les observions. Alors que nos deux aventuriers, Meunier et Tesson, viennent de passer des heures à guetter la panthère, échappée après un rapide premier aperçu, Meunier prend cette belle photo d’un faucon (voir photo). Des mois plus tard, de retour en France, Meunier regardera à nouveau la photo, et enfin il l’aperçevra : la tête de la panthère, si bien camouflée qu’on croirait voir un rocher, dépasse assez nettement et fixe, candide, le photographe !

Et dans les dernières images du film, quand enfin elle est là ! Loin de s’enfuir en aperçevant les deux hommes, la panthère se retourne, s’accroupit et les regarde longuement, les yeux dans les yeux. L’émotion de Meunier et Tesson est grande. C’est un moment sacré, parce que c’est un moment de vérité profonde, celle de la reconnaissance réciproque. Leurs larmes sont des larmes de joie. La joie des retrouvailles des membres d’une même famille.

Le royaume de Dieu est comme la panthère des neiges, cherchons le d’abord, et tout nous sera donné de surcroît. Tout et tous. Pour une vie ensemble dans cette grande fraternité de tous les vivants qui est l’avenir de notre planète.

Phil Kearney

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